Marseille - Une ville sous influences de Boisserie, Ploquin et Gros (12 Bis - 2013)

Ouverture sur un morceau d’IAM : « Le pays d’où je viens n’a rien à voir avec celui des merveilles, je viens de Marseille »

« Juré sur l’OM », on passe de l’autre côté du miroir pour se retrouver dans la cité phocéenne via son langage et cette rencontre de générations qui n’étaient pas vraiment parties pour se croiser. Le jeune reubeu qui sort des Baumettes s’imagine que son oncle, gangster retraité de l’ancienne école, va lui donner des conseils pour que lui et sa bande conservent les quartiers nord qu’ils croient posséder. L’accueil est glacial, mais Tonton monte dans la charette et va visiter le nouveau monde, Le Clos de la Rose, où le commerce est fort bien organisé, des escaliers jusqu’à la banque suisse. Mais Tonton fait remarquer que les voisins semblent terrorisés par le business des bandes de minots qui en plus se mitraillent les unes les autres. De son temps à lui à la Belle de Mai, les gens ne rechignaient pas à les aider, les respectaient, toujours la même histoire de vieux, mais quand Tonton dit « je raconte », on se tait et on écoute. « Oh fan », c’était pas triste dans le temps non plus !

On se sent bien à lire cette histoire qui revient sur les origines ouvrières d'une sorte d'entente entre le petit peuple et les mauvais garçons, les deux catégories sociales partageant une réticence à supporter un pouvoir établi. Quand les bandits passent aux choses plus sérieuses les gros bonnets ne tardent pas à repérer les pousses prometteuses. Mémé Guerrini, Nick Venturi, Le Belge, Tany Zampa, la French connection, et cette saloperie d’héroïne fratricide, il faut tout apprendre aux gosses de maintenant qui ne savent même pas qui est Gaston Defferre, le grand manitou du compromis qui doit sans cesse régner sur Marseille. Les dialogues qui provoquent l'évocation de tous ces personnages sont bien fichus, tout comme le dessin et même si l'histoire n'est pas toujours une histoire glorieuse, on trouve plaisant de la voir ainsi mise en scène et relatée, même l'histoire de son équipe de foot nous est racontée, ainsi que celle de ceux qui se sont toujours cassé les dents pour y prendre le pouvoir.

Marseille est une entité vivante qui semble échapper à toute cartographie, à toute définition, le chaos organisé autour de gens qui en parlent systématiquement avec amour mais qui n'oublient jamais, culture locale oblige, de râler proportionnellement.

55 pages en couleurs, 15 €
ISBN : 9782356484154