La Mafia - Saison 1 de Damiano Damiani (avec Michele Placido, Barbara De Rossi, Patricia Millardet, Nicole Jamet, Angelo Infanti, Pino Colizzi, Renato Mori, Massimo Bonetti, Eurilla del Bono, Cariddi McKinnon Nardulli…) 1984

Genre : dramafieux

Scénar : dans les environs de Palerme, l'assassinat du chef des carabiniers d'une ville qui se pensait plus ou moins épargnée par les crimes de la mafia sicilienne fait grand bruit, les journalistes sont d'ailleurs les premiers sur les lieux, prévenus par un appel anonyme. Le commissaire Cattani est envoyé là-bas par Rome. Le policier traverse une crise conjugale et peut-être que son action en Sicile donnera l'occasion à sa femme et lui de calmer le jeu. Avant d'accepter de remplacer le défunt, il veut aller sur les lieux. Le moment est assez opportun puisque des funérailles ont lieu à deux endroits différents : celles du policier évidemment, où peu de monde se montre, mais aussi celles d'une descendante d'une famille locale illustre où l'on retrouve toute la haute société du coin malgré un suicide de tous temps mal vu par les catholiques. Un ami policier sur place lui fait faire un tour d'horizon de ce véritable panier de crabes à ciel ouvert. Cattani décide de reprendre les enquêtes du disparu tout en appelant la population à croire à nouveau en l'État pour éradiquer la mafia qui prend sa place quand il montre ses faiblesses, à cause aussi du désenchantement. Et de la peur bien sûr. Cattani se méfie des ex-collègues du défunt, s'intéresse au fameux suicide qui paraît avoir eu lieu en même temps que l'assassinat du policier (et surtout au même endroit) et il doit avoir le nez creux car au moment où son ami doit lui donner une information importante qu'il a reçue, il est assassiné. Il va dès lors employer des méthodes expéditives, quitte à mettre ses proches en danger, mais aussi essayer de construire un axe policier en alliant les différents services contre le crime organisé.

Série fleuve parmi les plus adulées et les plus diffusées des chaînes italiennes, La Mafia est construite autour d’une histoire de Nicola Badalucco (scénariste de renom ayant à son actif Les Damnés, Mort à Venise, La Vengeance du Sicilien, Un flic hors-la-loi ou encore Les Durs) adaptée pour la téloche par deux autres vétérans du texte cinématographique, Ennio De Concini (Ulysse, Attila fléau de Dieu, Les Travaux d'Hercule, Le Masque du démon, Le Colosse de Rhodes, La Fille qui en savait trop, Les Quatre de l'Apocalypse…) et Massimo De Rita (Bandits à Milan, Ce salaud d'inspecteur Sterling, La Cité de la violence, Compañeros, Nous sommes tous en liberté provisoire, Cosa Nostra, Un citoyen se rebelle, Big racket ou…Blastfighter, l'exécuteur !!). Si pour réalisateur on retrouve il grandissimo Damiano Damiani ¹, ce n’est pas forcément un hasard, en effet, l’éternel engagé à gauche n'a a priori jamais évité de fustiger un système dont quasiment toute la haute société de l'époque a profité, donnant naissance au passage à des fortunes gigantesques qui aujourd'hui encore tirent beaucoup de ficelles, par exemple avec des films le plus souvent légendaires comme La Maffia fait la loi, Seule contre la Mafia, Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Nous sommes tous en liberté provisoire, Sicilian connection, autant de métrages dont il est de surcroit son propre (co-)scénariste.

Il ne manquait à la série qu’un casting formidable pour qui a aimé le cinéma italien des années 60 à 90 (Florinda Bolkan !) mais aussi les tronches du cinéma français de la même époque (au sommet desquels on place Jacques Dacqmine et François Périer), et tant qu’à y être un compositeur de génie, Riz Ortolani. Le premier épisode est l'occasion de présenter les personnages principaux de l'histoire qui s’annonce épique : quand un curé commence à s'en prendre ouvertement à la mafia, on peut dire qu'elle a dépassé les bornes, il brandit même l’excommunication face aux tentacules ennemis ! Mais la situation sociale est telle que la population a accepté depuis longtemps que le crime et la drogue financent la vie de l’île tout entière, et la série s'emploie surtout à décrire le drame au quotidien de toutes les victimes du crime organisé. Les rebondissements se font rares puisque l'on sait déjà dès le départ qui sont les méchants et les gentils, ces derniers vivent une vie invivable et l'actualité de l'époque dont on se souvient nous le montrait : combien de combattants de la loi sont tombés sous le feu des tueurs de cette pieuvre légendaire qui n'en finira pas d'inspirer une multitude d'œuvres littéraires ou cinématographiques, parfois avec l'aval des criminels eux-mêmes ! Beaucoup d'arrangements aideront les cinéastes à pouvoir faire leur travail de narrateur, quitte a perdre un peu de neutralité dans le discours.

Cette série réquisitoire reste au plus près de l’authenticité en tout cas, et n’a rien perdu de sa force.

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