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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
OK, un énième livre sur l’Homme en noir,
mais cette biographie-ci ne s'attarde que sur un jour (ou presque…) : le 13 janvier 1968, quand Johnny Cash entre en prison…pour deux concerts à Folsom, Californie, un disque live légendaire en sera tiré. On a peut-être - comme toujours - un peu exagéré la légende d'une véritable résurrection de Cash à la suite de cet événement mais elle n'est pourtant pas non plus un mensonge, un électrochoc a bien lieu. Emprisonné dans la dépendance aux amphétamines entre autres, Johnny Cash se doit un rebond. Le chanteur avait déjà donné des concerts en prison (« on est un rayon de soleil qui illumine soudain leur cachot […] et ils n'ont pas honte d'exprimer leur satisfaction » dit le chanteur en parlant des détenus) mais cette fois va vraiment s’engager sa lutte pour l'amélioration du quotidien des prisonniers, une cause qui coïncide avec celle pour les droits civiques à la même époque. Profondément croyant (ce qui n'est pas sans engendrer quelques conflits internes chez un éternel torturé) et transfiguré par son union avec June Carter, Johnny Cash va régulièrement montrer ensuite l’étendue de son engagement pour ce qu’il croit juste, particulièrement les oubliés du système.
Lui-même ne vient pas de nulle part, le récit revient au passage sur les différentes phases de la vie du chanteur, l'enfance dans la petite maison familiale, le dur labeur du coton, sa découverte de la musique via la radio (ZE média inévitable des années 1930 et 40), son rêve d’en jouer quand à Memphis il n'est encore qu’un VRP en électroménager…et puis Cry Cry Cry sort le 21 mai 1955, le reste est juste l’Histoire. Cash n'est pas arrivé comme certains autres à un carrefour pour choisir de signer un pacte mythologique avec le Diable, il est lui-même le carrefour vivant entre toutes les musiques métissées d’une Amérique qui faisait jadis rêver : celle du blues, du gospel, de la country et de la folk, et bien sûr du rock'n'roll certes encore primitif. Car ce chanteur du terroir (ça sonne mieux que « campagne », non ?) n'en est pas moins un être comme les autres, en perpétuelle évolution, musicalement ou pas : « je suis toujours en train de naître ! Vous n'êtes pas prêts de me voir tout entier » dit-il avec une lucidité dont on ne devrait jamais se départir.
Cet excellent bouquin est empreint de beaucoup d'humanité, ne se limite pas à une simple biographie car Jacques Colin - auteur de trois ouvrages au sujet des BEATLES entre autres - entremêle le propos avec une balade érudite aux États-Unis où abondent les descriptions géographiques, les constats sociologiques, les anecdotes historiques (car c’est aussi l'histoire d'un âge révolu, celui de l'exploitation du charbon tuée par la mécanisation, des destructions de l'environnement par l'outrance des méthodes employées, l’histoire aussi d’un type qui écrit à Bob Dylan, un de ses plus grands fans, et d’une correspondance qui durera très longtemps), c’est cette narration qui ne se limite pas à l'histoire de la musique mais aborde au contraire de très nombreux sujets pas anodins (sans accumuler pour le plaisir comme souvent) qui fait de Johnny Cash s’est évadé un très chouette boulot d’écriture à destiner aux fans de Johnny Cash tout autant qu’aux curieux, pas mal de références de disques, films et livres sont également à glaner en fin de volume pour aller plus loin.
249 pages avec quelques illustrations en noir et blanc, 15,90 €
ISBN : 9791027802487
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