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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : dramatiquement drôle
Scénar : Rémy rêve de s’extirper d’une famille on ne peut plus tuyau de poêle, Patrick est un psychanalyste qui bouffe des chips en écoutant avec un certain mépris le malheur des gens. Leur point commun ? Ils sont roux et protagonistes d'une vie absolument merdique. Ils se rencontrent par hasard alors que Rémy va secourir sa gothique en cours d'automutilation dans un cimetière, où elle ne se trouve en fait pas… Les joies des rencontres électroniques… Et voilà que la fille rêvée s'avère être…un mec, tout s'écroule. Mais Patrick, en fait barge et totalement asocial, ne le laisse pas tomber, essaie de lui faire prendre conscience de sa force en le poussant dans une bagarre. Plus tard, Rémy raconte vainement ses malheurs de rouquin à son mentor halluciné qui ne semble plus faire cas de ce que certains abrutis prennent pour un défaut, mais le soleil luit à nouveau quand il aperçoit une pub pour l'Irlande : c’est là qu’ils doivent aller. « Un peuple qui n'a ni pays, ni langue, ni armée, ouais, ça c'est nous ! » se barrent donc, malgré une singulière odeur…de roussi.
Ok, une nouvelle promenade dans un Nord proverbialement gris et désert, touché par la misère et forcément peuplé par pas mal de personnages brisés, ça sent le Strip-tease à plein nez, voire les plus récentes émissions racoleuses de toutes les chaînes à la con de la TNT (tu parles d’une brillante invention death-y-dément !), comme s’il n’y avait qu’une seule interprétation possible aux gens et aux lieux, l’affreux Danny Boon sciemment excepté. Mais pas du tout, c’est plutôt du côté des cinglés de Groland, de Bernie, de Gaspar Noé, du climat foutraque à la Orange mécanique et Baise-moi qu’il faut regarder pour un peu mieux apprécier l’OVNI signé par le fils de l’immense Costa-. Ces clips (certains sont ici proposés en bonus) montraient déjà la maestria et la non-peur de choquer de ce jeune auteur, ils annonçaient d'ailleurs aussi la revanche des roux et déjà le Nord, c’est dire si le projet était réfléchi quand à la lecture de certains articles pédants d’aucuns ont trouvé tout ceci bien bordélique et sans objet. Grand bien leur fasse.
Les deux acteurs principaux sont formidables, Vincent Cassel vieilli mais pas dépourvu de son attitude animale et ambiguë, à la fois débordant de puissance et de sensibilité, totalement destroy comme souvent et impressionnant (et rasé jusqu’aux sourcils encore plus !), Olivier Barthélémy wannabe-messie pour venger son passé de victime de la différence dans une société uniformément conne et étriquée, tous deux lancés à corps perdu dans un road movie givré mais pas loin de la poésie, en particulier grâce à la magie d'un Rachmaninov posé là comme un souffle d’intervention divine, elle explique peut-être pourquoi si peu de policiers font acte de présence pendant cette odyssée barbare superbement filmée, que cela soit pour provoquer l’émotion ou cogner l’œil au moyen de scènes d’une grande violence et de sexe débridé. Notre jour viendra n’est bien sûr pas le film à mettre entre toutes les mains, il est pourtant l’exemple même que l’on peut faire de belles choses en France sans se vautrer comme les autres dans la fange de la compromission artistique, youpi.
Bonus : making of (19’), bandes-annonces, diaporama mais aussi et surtout trois clips du réalisateur : Signatune pour DJ Mehdi (2006), le controversé Stress pour JUSTICE (2008) et Born Free pour M.I.A (2010)
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