Chroniques DVD
05
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : espionnage réaliste

Scénar : « les agents secrets ne sont pas des avions, ils n'ont pas d'horaire fixe… » Une nuit, au secteur américain de Berlin, au point de passage de Checkpoint Charlie, les occidentaux attendent… La peur que l’agent ait été pris par le tristement célèbre Mundt ne durera que quelques secondes : à peine a-t-il passé le barrage qu'une alarme retentit et il est descendu. Ce qui vaut à l’agent britannique Leamas d'être convoqué par Control qui dirige les opérations, après quoi le bureau de chômage lui trouve un boulot d'adjoint dans une bibliothèque où travaille aussi une jolie jeune femme qui finit par l'inviter à dîner. Et comme elle a du scotch, il ne résiste pas. Elle lui avoue même être communiste, ce qui le fait bien rigoler mais ne l'empêche pas de se laisser embrasser, l'alcool lui jouerait-il des tours ? C’est d’ailleurs celui-ci qui le pousse à tabasser un épicier. À sa sortie de prison, un homme ne tarde pas à entrer en contact avec lui, soi-disant pour un petit boulot : livrer des tuyaux à quelqu'un qui écrirait pour un journal… Tout ceci n’est en fait qu’un subterfuge afin d'être recruté par les communistes et faire tomber le chef du contre-espionnage, Mundt lui-même…

Le roman de 1963 de John Le Carré adapté au cinoche deux ans plus tard est enfin le récit qui révèle au spectateur (après l'avoir fait avec les lecteurs) les dessous sordides de l'espionnage, les marchandages entre services où les vies ne sont pas plus que des numéros de carte ou de dossier, un jeu de dominos toujours joué par les dominants au détriment des dominés, un film noir superbe toutefois servi par un casting au poil : comme pour souligner son activité clandestine dans le film, on ne découvre Richard Burton que petit à petit, vu de dos, quand il se tourne de temps en temps pour parler à ses confrères… Richard Burton et son charisme extraterrestre, ses yeux incroyables (« vous avez parfois le regard d'un fanatique qui a une mission à remplir sans savoir laquelle » lui dit sa belle…) et sa beauté bestiale. Peter Van Eyck est un autre exemple marquant, Bernard Lee est là aussi (le M de James Bond, jamais loin de l'espionnage malgré son tablier d’épicier de quartier…), tous plongés dans un noir et blanc superbe tout à fait en adéquation avec l'ambiance et accompagné par la partition très chouette, jazzy et mélancolique, du compositeur américain Sol Kaplan.

« Vous n’avez pas assez de cette existence ? J’ai peur que vous soyez fatigué. Et brûlé. c’est un phénomène que nous connaissons ici, c’est comme l’usure du métal… » Alors que les barbelés séparent une Europe de l'autre, quand un supérieur vous balance que vous devriez peut-être prendre un taf de bureau au lieu de continuer à vous user dans ce travail où aucune sympathie ou relation n'est permise, il signifie que vous devez continuer à agir pour le pays, quitte à vous exposer et même à renoncer à cette jolie femme, premier rayon de lumière non inventé par l’alcool fort ou la remise d’une quelconque médaille. De toute façon, la hiérarchie estime mener une politique pacifiste car jamais il ne sera possible pour l'Ouest d'être l'agresseur… C’est bien connu ! Mais parfois, certaines opérations peuvent amener un agent à changer les règles, Leamas nous cède même gratuitement une épitaphe intéressante : « Je ne crois pas au Père Noël, je ne crois ni à Dieu ni à Karl Marx, je ne crois pas à toutes ces illusions qui bercent le monde […] Je me réserve le charme de l’ignorance, c’est un privilège de l’Ouest. » Merci camarade ! Ah ouais euh non, pas « camarade » !

Le détail du film : un avion néerlandais qui s'appelle « le Hollandais Volant », ça c'est la classe !

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