Chroniques DVD
20
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

zidi de funès coluche comédie malbouffe

Genre : bras de fer contre la malbouffe, première ?

Scénar : Charles Duchemin règne sur la critique culinaire, fait et défait les restaurants qui craignent sa visite. Le vieux renard multiplie en effet les stratagèmes et les personnages afin de confondre les criminels des fourneaux. Dans le mois, il compte prendre sa retraite et laisser le boulot à son fils Gérard mais celui-ci a d'autres projets : le cirque, où il veut faire le clown. Pas question d’en parler à son père pour le moment, d’autant plus que celui-ci est préoccupé car l'entreprise du requin Jacques Tricatel, d'habitude cantonnée à la restauration industrielle, qui commence à s'acheter des restaurants. Duchemin ne veut pas courir le risque d'attribuer des étoiles « à ces marchands de conserves ». Au moment où Gérard trouve la force de démissionner, il rencontre la très belle secrétaire intérimaire hollandaise de son père et change bizarrement d’avis, surtout quand il apprend qu’elle va accompagner le vieux dans une dernière tournée d’inspection. Mais Tricatel et ses sbires ont plus d’un tour dans leur sac et, comble de malchance, découvrent les activités à nez rouge de Gérard. Ils comptent sur cette information pour mettre à mal la réputation du légendaire guide Duchemin et de son fondateur. Le tenace Charles va leur montrer qu’il ne compte pas se faire enterrer si facilement, surtout avec l’aide de son fils ragaillardi.

En 1976, la guerre est déjà déclarée entre les partisans de la cuisine traditionnelle et les pourvoyeurs de la bouffe industrielle (« y aura plus que ça bientôt » prophétise un des personnages furax du film). Claude Zidi en tire un scénario visionnaire et des dialogues plutôt réussis, ceux-ci engendrent évidemment une série de sketches impayables comme toujours quand Louis de Funès est en tête affiche, même si on sait l'acteur malade et fatigué après deux infarctus. Ils offrent à voir un personnage impitoyable quand il s'agit de faire son travail mais plutôt touchant quand on montre ses relations avec son fils, Coluche, le roi de la gaffe que l’on voit de plus en plus. Un duo attachant, charmant, entre ancienne et nouvelle école, qui sent le passage de relais. Chacun des deux a semble-t-il fait venir certains de ses amis et l'équilibre se fait entre acteurs de la vieille garde (Dominique Davray, Julien Guiomar, Raymond Bussières et Marcel Dalio qui a gardé son accent de Rabbi Jacob mais aussi Philippe Bouvard, déjà très énervant) et nouveaux chansonniers des cafés-théâtre (Marie-Anne Chazel, Martin Lamotte, Gérard Lanvin…). Les méthodes des Duchemin ne peuvent alors que différer : là où le père entraine ses collaborateurs comme les danseuses de L'Homme orchestre, le fils fait jouer son cirque dans les banlieues fauchées.

Malgré des longueurs à noter (l’insupportable scène des valises par exemple), L’Aile ou la cuisse possède quand même de très bons côtés, à commencer par son générique devenu ultra classique car brillamment mis en musique par Vladimir Cosma, un festival de déguisements ridicules mais toujours drôles tout comme peuvent l’être les décors (le matos industriel kitschissime qui ne peut que rappeler Tintin en Amérique et son infâme usine à conserves). L’humour prend évidemment le dessus sur tout (le sommelier alcoolique est magique, la séquence de « L’Auberge de la truite », où il faut suivre les mouches pour trouver les toilettes, est justement à se pisser dessus !) mais certaines allusions sont piquantes et pertinentes : le grand cirque ridicule autour de l'Académie française, l'effet dévastateur sur les gens ruinés à cause d'une critique du Michelin (on en reparlera des années plus tard), la nourriture paradoxalement écoeurante dans les hôpitaux ou l'estafette de flics en vain duel contre un Saviem conduit par de véritables héros. Zidi va enchaîner l’année suivante avec L’Animal, un Belmondo (avec, comme ici, un assistant réalisateur nommé Jean-Jacques Beineix à ses côtés), avant de refaire jouer De Funès dans La Zizanie (1978), une comédie trépidante au sous-texte lui aussi volontiers socialement engagé.

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