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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : giallousie
Scénar : le téléphone sonne chez « Jules »… Elle ne se précipite pas pour répondre alors que sa mère l'enjoint de le faire, car c'est le jour de ses fiançailles. Mais Lorenzo n'aura qu'à attendre, ce mariage elle s'en fiche et elle coupe le fil qui entoure sa robe puis la robe elle-même. Cette vraie beauté blonde qui cache un secret de jeunesse a une gouvernante, Lia, qui, quand sa frivole mère fuit Pérouse où elle s'ennuie à mourir, s’occupe d'elle. Jules (c’est le prénom de son père qu’elle porte en hommage perpétuel) reproche à sa mère d'oublier son père dans les bras d'autres hommes. Lia l’encourage par ailleurs à détester les hommes, la supplie de rester « pure »… Elle la touche aussi, l'embrasse, lui fait l'amour… Aussi quand un jeune homme commence à faire la cour à Jules, il ne devra jamais la toucher s’il veut rester à ses côtés… Déjà que la mère et sa vie dissolue mettent en danger la relation qu’entretient la jalouse Lia avec Jules, le mariage annoncé la dévaste, elle fait tout pour que Jules ne la quitte pas, ne change pas, mais Venise, où réside ce fameux Franco, est très belle et l’espoir, quelque part, ne lui déplaît pas. Mais avec un telle éducation misanthropique (sa mère n’est pas mal dans le genre exemple à ne pas suivre…), il y a de quoi la faire réfléchir face aux choix qui se présentent soudainement. En fait, death-y-dément rien n’y fait, elle attire autant de prétendants masculins que de féminins, de quoi finir comme l’âne de Buridan ?
Comme un certain nombre de réalisateurs italiens, Tonino Valerii n’a pas souhaité être un des innombrables abonnés au western all’italiana, trois films 1 du genre suffisaient pour le moment (puisque Valerii y retournera, et de belle manière, en créant La Horde des salopards en 1972 et le mythique Mon nom est Personne en 1973). Mais nous n’en sommes pas là. Tonino a fait déposer les armes à ses personnages, les mécaniques en tout cas puisque quasiment tout se jouera de manière psychologique ici : le climat omniprésent du giallo ressuscité par Dario Argento a eu son impact sur cette coproduction franco-italienne, adaptation d'un roman de Milena Milani du même titre : on peut s’attendre à une belle injection d’érotisme (ici la touche est assez soft mais explicite), d’esthétisme (sublimes décors que ceux de Pérouse, ville chargée d'histoire, jolis jeux d’ombres…) et d’étrangeté (le déroulement de l’histoire dans une atmosphère lancinante s’avère aussi trouble que troublant, quel tourbillon d'émotions pour une jeune fille entourée de personnalités très singulières que la libération des mœurs émoustille quelque peu ! Comme pour mieux envelopper le tout, Riz Ortolani a mis au service du film une jolie musique, on notera aussi une photographie réussie du futur maître du film d’action réactionnaire, Stelvio Massi (une trentaine de films en vingt ans, hop, pas de temps mort !).
Une jeune fille nommée Julien est un film quelque peu désespéré, parfois dur à suivre aussi mais fort joliment ficelé malgré des détails toujours rigolos (Venise ? Sortez une gondole, après tout comment mieux introduire la ville ? Et puis hop, casez quelques bouteilles de J & B ici et là, on aurait l’air de quoi si on n’faisait pas comme tous les autres, hein ?!) et un milieu très classique de la haute société. On triture un peu les cerveaux avec quelques flashbacks, on établit comme un parcours initiatique assez logique à suivre : masturbation - confession - investigation auprès du petit ami de sa servante - menstruations - passage à l'acte - frigidité bien avant Miou-Miou - fuite en avant d'une lolita inconstante mais assez lâche aussi quand il s'agit de mettre fin à une histoire. Le sujet sulfureux à l’époque qui aborde à la fois la sexualité, l’homosexualité, le passage à l’âge à adulte, l’horreur de la perte d’êtres chers vaudra au film d’être un poil mutilé par les services de la censure, britanniques tout du moins, mais ça n’empêchera pas les cinéphiles d’apprécier les prestations de Silvia Dionisio, superbe, ou de John Steiner, un type au physique franchement spécial mais au jeu convaincant (déjà vu en haut de l’affiche de Trois pour un massacre (Tepepa), il fera une grande carrière avec des rôles chez Damiano Damiani, Romolo Guerrieri, Marco Bellocchio, Lucio Fulci ou Marino Girolami pour ne citer que des petits maîtres italiens du cinéma populaire).
1 voir Per il gusto di uccidere, Le Dernier jour de la colère et Texas.
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