Documentaire
20
Aoû
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Fertile est en France le terreau des anciens combattants, déjà bouillant pendant l'entre-deux-guerres.

À l'arrivée de Pétain au pouvoir suite à la débâcle, Xavier Vallat se lance dans l'édification d'un mouvement fort, civique et paramilitaire au lieu d'être simplement politique. La Légion sera la courroie de transmission de la fameuse Révolution nationale de Pétain au grand dam du collaborationnisme sans ambages d'un Laval. Car, antirépublicaine, antiparlementaire, antimaçonnique, antijuive, la Légion est aussi farouchement anticollaborationniste ! Elle est par contre maréchaliste à fond rien que pour le passé guerrier que le vieux soldat a en commun avec la plupart des légionnaires.

Dès le départ, la Légion est une organisation tentaculaire où sont multipliés les petits pouvoirs, qui s’opposeront parfois, mais aussi les tendances : antigaullistes, anticommunistes mais aussi antiallemands se côtoient dans cette fourmilière dont on ouvre bientôt les rangs à tout français prêt à soutenir la Révolution nationale. Leur nombre et la certitude d'être dans leur bon droit les voient s'imaginer comme un État dans l’État sans, ils le verront vite, en avoir seulement les compétences… Et puis la confiance de l'opinion publique périclite quelque peu tandis que les partis ne se cachent pas de les détester.

Contrairement aux Allemands méfiants, Pétain va pourtant, et imprudemment, les soutenir. Ceci dit, cette réciprocité fera long feu, la Légion laissera petit à petit le maréchal, mais aussi la Légion elle-même quand le sang neuf du S. O. L. de Darnand la défrisera de trop et quand la politique ultra collabo de Laval ira à l'encontre de son profond patriotisme. Si la Légion s'effondre dans la foulée, le S. O. L. se manifeste sous les vivats des ultras de la Révolution nationale, Darnand en tête, mais d'autres aussi comme un certain François Mitterrand. Dans ce Vichy vivier de factions différentes et adversaires, les S. O. L., « sous les ordres directs de leur chef national Darnand (…) dépendront désormais directement du chef du Gouvernement sous la forme de milice nationale ».

Mais, patatras, l’appel-séisme de Darnand concernant une division française de SS en juillet 1943 provoque encore de profondes scissions et la descente aux enfers : il n'y aura désormais plus moyen de reculer pour les ultras. Sa mainmise sur les forces de sécurité ne changera rien à l'impopularité de la Milice et de son chef, la mort du respecté Philippe Henriot fait même naître des oppositions quant à l’hommage à lui rendre tant la Milice est allée trop loin : son noyau s'encanaille toujours plus, recrute partout où il ne faudrait pas, corrompt son esprit d'ordre mais ne s'arrêtera pas là sur la voie de l’infamie car voici bientôt venu le temps des massacres. Dans sa fuite, elle multiplie les exactions avant de rejoindre le gouvernement fantoche de Sigmaringen, pathétique fin d’un passage sordide de l’histoire de France. Georges Mandel prophétisait en 1941 : « Les gens de Vichy ? Vous les verrez partir perchés sur les marchepieds des voitures des généraux vaincus »…

Pierre Giolitto raconte en s'appuyant sur de très nombreuses sources (dont les toujours intéressants livres locaux), évoque parfois plus longuement les personnalités (Darnand bien sûr, mais aussi Henriot, Touvier…) et fait de son Histoire de la Milice un bouquin idéal pour amorcer une réflexion sur un mouvement qui a laissé de profondes cicatrices à une histoire de France sans cesse tourmentée par les révisionnistes de tout poil.

574 pages
ISBN : 2262012504

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