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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
« Accordez-moi, au moins, la présomption de Providence ! »
Et après tout pourquoi pas, puisqu’ici on se veut être l’éternel chantre de l’ouverture et de la tolérance, pourquoi ne pas laisser à l’homme qui possède cet incroyable regard en couverture, la possibilité de raconter pour nous sa rédemption par la Foi, sa renaissance spirituelle après d’intenses déchirements intérieurs que furent la perte de nombre de ses proches, puisque ce n’est après tout qu’après l’institution Église, et pas à ses adeptes qui font bien ce qu’ils veulent comme chacun devraient pouvoir le faire, que nous en avons toujours eu, rapport à un passé pas si glorieux ni plus inspirant que ça quand on regarde l’Histoire avec lucidité et l’obscurantisme avec horreur.
Pierre Favre naît le 13 juillet 1960 à Lyon, dans une famille aimante, et reconnaît au plus profond de lui une attirance pour les malheureux, de plus en plus « cachés » pas un société qui ne veut pas voir les symboles vivants de son échec, ni même les entendre… Sans image, sans voix, les éclopés de la vie n’ont pas fini d’inspirer la compassion (étymologiquement la « souffrance avec ») au petit Pierre qui se révèle de plus un garçon pétri de complexes et de failles chez qui l’adolescence voit l'arrivée des paradis artificiels, boucliers illusoires autour d'une âme torturée et fragile, d’un lot de traumatismes et de cicatrices qu'il s’inflige parfois volontiers, la vie punk du weekend et tout ce qui s'ensuit lui inspirent bientôt des chansons qui serviront à BBDOC, sa première expérience musicale tandis que sa rencontre avec François de PIGALLE provoque son entrée ultérieure dans la nouvelle formation montante, LES GARÇONS BOUCHERS, et n’oublions pas de citer DOCTEUR DESTROY, HIV ET SON GLOBULE, SAPULAND mais aussi SANS VOIX pour un CV plus exhaustif encore.
Des séismes secoueront régulièrement la carrière de saltimbanque destroy de Piero Sapu, la rencontre avec l’amour de sa vie, son agonie et le drame de sa disparition because SIDA - duquel il est aussi atteint - lui fait rencontrer (retrouver ?) la foi en Dieu, drôle de parcours pour un drôle de bonhomme qui peut faire s’enchaîner des extraits de la Bible aux citations de ses divers groupes qui ne manquaient jamais d'être très imagés, tout comme celle de PICOL REACTION dont les protagonistes ont sans doute dû être surpris de se retrouver en ces pages. De toute façon, « le fait de parler des chrétiens, des frères du Christ en vérité, n'exclut bien évidemment personne. Chacun a la capacité de manifester, là où il se trouve, des élans et des actes d'amour, même un athée, même un agnostique. Oui, même le punk ne meurt pas ! »… en tout cas il s’engage, comme Pierre aux côtés du Secours Catholique où il multiplie les actions d’écoute et de partage depuis des années. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à promener son univers sur la route avec le groupe SANS VOIX.
Allez donc savoir ce que sera la réaction des « ténébreuses troupes de l’Adversaire » mais ce témoignage du combat d'un homme qui le vit atteindre une sorte de plénitude vaut la peine d'être salué, chacun trouve en lui ou ailleurs, c'est selon, une force inimaginable quand il décide de croire, fût-ce en un Grand tout ou au contraire en un grand Rien. Et puis comme on nous promet qu’il n’est « pas question de forcer les portes, de s'immiscer dans les vies privées des uns et des autres, d'évangéliser ou de convertir à tout prix… », on pardonne presque Michèle Morgan citée à l’affiche d’Angélique marquise des anges. Trop d’anges tuent l’ange ! En attendant, ecce homo…
243 pages, 17,95 €, IMPRIMÉ EN BELGIQUE (normal pour un livre belge !)
ISBN : 9782873565251
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