Chroniques DVD
11
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : giallo et bien plus

Scénar : Carol va voir un psy à cause de ses rêves plutôt chauds incluant sa blonde voisine, Julia Durer, qui a une vie délurée au max. Son père s’en inquiète mais il a bientôt d’autres chats à fouetter : il soupçonne avec raison son gendre d’infidélité. Mais voilà que Carol rêve ensuite qu’elle tue Julia, ce qui semble se passer soudain dans la réalité, et dans les mêmes circonstances que celles du rêve dont elle a parlé ! Deux flics (dont un qui siffle continuellement, quelle horreur !) viennent interroger le voisinage et Carol est arrêtée quand ses empreintes coïncident. Mais son père et elle savent qu’elle n’a pas tué. L'inspecteur-siffleur Corvin doute aussi, il va ainsi continuer d’enquêter de plus belle au sein de cette maison pleine de secrets.

Après deux sorties de choix en 1969 (Perversion Story - figurant déjà Jean Sorel et Alberto de Mendoza - et Beatrice Cenci 1), un nouveau Fulci déboule en 1971. Le Venin de la peur débute par d’angoissantes images des cauchemars d’une femme : pressée par la cohue d’un train dont aucun compartiment ne s’ouvre, elle subit la traversée d’un couloir où se frottent, nus, des dizaines de jeunes gens couverts de farine, leurs tronches figées dans d’affreuses grimaces (qui préfigurent les zombies ultérieurs) avant qu’une méchante oie n’attaque… Et tout le long Fulci multipliera les effets (ralentis, flous, images passées à l’envers, split screen, mouvements frénétiques de caméra entre peur et voyeurisme, etc.) et parsèmera la narration d’indices pour tenter d’embrouiller le spectateur dans une sorte de giallo atypique où trônent des femmes généralement très élégantes et troublantes à souhait.

Le contraste d’avec ces créatures célestes, parfois exposées dans des images torrides aux chevelures ventilées, viendra des giclées de sang et des plans gore (sûrement les premiers chez Fulci, on restera marqué par les expérimentations sur les renards vivants aux bides ouverts ou les chauves-souris - dont une proprement étripée - qui attaquent comme les oiseaux d’Hitchcock), de la représentation de la décadence (ce théâtre désaffecté rappelle un peu celui de L'Oiseau au plumage de cristal 2 mais surtout le squat orgiaque de Torso 3). Mais n’oublions pas, pour parfaire le tout, un casting solide (Florinda Bolkan, Anita Strindberg, Stanley Baker, Jean Sorel, Alberto de Mendoza !) et d’excellents décors pour ce film tourné à Londres, par exemple cet Alexandra palace, véritable cathédrale artistique avec des espaces vides gigantesques et en son sein d'innombrables escaliers en colimaçons, couloirs blancs et autres portes qui grincent - forcément - de façon sinistre.

Donc : de l’arme blanche et du sang, oui, mais pas pour autant un giallo classique au menu, son scénario machiavélique jetant aussi, comme d’habitude avec son (co-)auteur, un regard dur sur différentes facettes du prisme social : hippies, bourgeois, flics, psys, tous en prendront pour leur grade, et même les artistes mous avec la suggestion d'une façon très particulière de pratiquer la peinture au couteau. Et pour ce Venin, l’éternel cinéaste de l’œil y filmera cette fois le reflet d’une scène !! La classe atomique.

Bonus : bandes-annonces (française et américaine), diaporama, génériques alternatifs (américain et italien), scène supplémentaire (1’), interview avec Anita Strindberg (13’), Jean Sorel (16’) et Lionel Grenier (de luciofulci.fr, 22’), les documentaires « Le Venin des censeurs » (8’), « Les Vies de Lucio Fulci (par Lionel Grenier, 14’) et « Les Versions du Venin ». On retrouve aussi la bande originale complète de la paire Morricone / Nicolaï sur un CD (chouette idée !) et un blu-ray qui contient sûrement le reste - somptueux - du sommaire des bonus mais comme nous ne sommes ni dotés d’un lecteur ni d’un accès quelconque, nous ne pourrons en dire mot. Et c’est franchement très dommage pour une édition qui, dans ce que l’on a pu voir, tue sa grand-mère, voire le reste de la famille.

1 voir Perversion story de Lucio Fulci (avec Jean Sorel, Marisa Mell...) 1969 et Béatrice Cenci de Lucio Fulci (avec Tomas Milian, Adrienne La Russa...) 1969

2 voir L'Oiseau au plumage de cristal de Dario Argento (avec Tony Musante, Suzy Kendall…) 1969

3 voir Torso de Sergio Martino (avec Suzy Kendall, Tina Aumont…) 1973

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