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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : recyclage sans complexes
Scénar : Rudy le roublard est enlevé en pleine rue et embarqué dans une DS. Quand les types l'en descendent, c'est pour le passer à tabac dans un coin tranquille : il ne fallait pas être en retard pour la livraison d'une certaine marchandise. Sa copine Evelyn finit par le laisser entrer et mettre un peu de pommade sur ses multiples plaies mais ce n'est pas par amour qu'il passe, mais pour lui resquiller une énième fois du pognon. Elle se fait entourlouper comme d'habitude mais lui fait comprendre que ce sera la dernière fois. Rudy rejoint son frère le colonel Franz Kübler en Afrique où il joue les mercenaires mais Franz n'est pas ravi de le voir débouler, lui qui n'a jamais digéré de se voir évincé de sa propre famille par ce jeune arriviste. Kübler massacre et viole en toute impunité pour le compte de rebelles mais l'armée du nouveau gouvernement se rapprochant, l'atmosphère devient malsaine et il est temps pour les soudards de ficher le camp. La solidarité et l'héroïsme d’antan n'étant plus ce qu'ils étaient, les mercenaires se volent et se trahissent volontiers, du coup ils n'ont pas le temps de fuir. Franz, ses poches remplies de diamants et ses hommes sont pris, Rudy se « dévoue » donc et s'incruste dans l'équipe qui part les chercher. Le sens de la famille sûrement…
Mario Siciliano, déjà réalisateur en 1967 d’un film de mercenaires sévissant en Afrique 1, remet le couvert onze plus tard pour un autre que l’on peut prendre de deux façons : soit comme Curd Ridel dans les bonus on trouve le procédé bien ficelé, soit, c’est un peu notre opinion, on a légèrement l’impression d’être filouté par une équipe qui n’a eu peur de rien pour concocter son « œuvre ». Le titre pour le moins abscons dissimule en effet, selon comment on voit la chose, un sûrement très habile travail de montage (Otello Colangeli aurait dû être inscrit au firmament de la légende du cinéma populaire italien !) ou un exercice de recyclage express pas très honnête, un stratagème en tout cas rondement mené qui n'a pas dû coûter très cher aux producteurs et ce ne sont pas le scénario d’Amedeo Mellone, somme toute rachitique, les dialogues bas du front ou même le salaire des acteurs - plein de tronches certes bien connues du cinéma bis italien comme Bryan Rostron ou Mario Novelli, mais pas vraiment des cadors du haut du panier non plus - qui ont dû allonger la note de beaucoup. Et puis comme si ça ne suffisait pas, on peut aisément remarquer que le remplissage criant ne gênait personne vu le nombre de longues scènes inutiles et de plans fixes.
Ceci étant dit, c’est tout un pan du cinéma italien amoral et malhonnête, dans ses histoires comme dans sa fabrication, qui est dévoilé ici (et bien sûr ailleurs) pour le plaisir des amateurs de bizarreries du genre d’autant que l’on peut malgré tout trouver des éléments assez drôles, outre le fait que certains ont peut-être réellement cru que la supercherie ne serait pas éventée avant la projection en salle : la musique typiquement disco / schlager pourtant composée et dirigée par le vétéran Stelvio Cipriani, un truc à la SANTA ESMERALDA pour les fans de moustaches, quand elle n’est pas carrément chouravée à IRON BUTTERFLY (on est pourtant loi du jardin d’Eden là hein ?!), le décor « égyptien » en carton-surprise auquel personne ne peut s'attendre, la scène simili érotique bardée de piano / synthétiseur horrible avec toujours le même type de fille à la voix grave, hyper-naturelle quand elle se lève seins nus, déjà coiffée et maquillée quand l'autre sangsue vient sonner à sa porte… Malgré le scénario particulièrement glauque des nouvelles séquences, on a la joie d’annoncer que cette fois-ci ce n'est pas aux animaux qu'on s'en prend avec le chalumeau, et même que le serpent passe au travers du « ça va trancher chéri ! » et ça, ça fait bien plaisir.
1 voir Les 7 bérets rouges de Mario Siciliano (avec Ivan Rassimov, Sieghardt Rupp, Kirk Morris, Pamela Tudor…) 1969 Réédition 2020.
Bonus : diaporama et présentation du film par Curd Ridel (21')
Infos / commande : https://www.artusfilms.com/guerre/ecorches-vifs-312
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