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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : « road-movie à pied »
Scénar : en même temps que les grandes artères sont bondées et rythmées au pas toujours plus pressé de la foule, où personne ne semble voir l'homme au saxophone du coin de la rue, tout ce cirque peut paraître uniforme et ralenti quand on a une vie intérieure fertile, peu importe alors si les rues que l’on emprunte sont désertes ou presque, comme prises dans un vide permanent et peu avenantes. Aloysious Parker semble préférer cette ambiance, Allie Total Blam Blam, ce fan de Charlie Parker marche comme sur un rythme qu’il se chante dans la tête en claquant des doigts, est-ce dans sa tête ou pas qu’il finit par s'adresser au spectateur, narrant lui-même sa propre histoire sans vraiment savoir où elle mènera ? C’est juste son histoire, retour au squat où Leila se demande ce qu'il a foutu pendant les quelques jours où elle ne l'a pas vu, en fait il ne parvient pas à dormir dans cette ville où il reste constamment dans la rue où, « la dérive » aidant, il erre sans but. En fait, il ne cesse d'être zombie que lorsque son vinyle tourne sur la platine, il danse comme un fou, sent-il que Leila se sent seule, terriblement seule ? Réfléchit-on à propos des autres en vacances permanentes ?
Jim Jarmusch a appris à réaliser en faisant ce film sur le terrain, en direct, un « road-movie à pied » comme il le qualifie lui-même, tellement ses moyens (déjà de source tout à fait personnelles) étaient microscopiques. Il pensait d’ailleurs qu'il ne ferait pas d'autres film après celui-ci qui avait été plutôt mal reçu de par son étrangeté. L'expérimentation est certes de mise même si la poésie est là aussi, dans cette façon d'utiliser et de traiter l'image, certaines des images rappellent des tableaux, beaucoup de silence ne vient d’ailleurs pas contrarier l’idée d’un film parfois un peu monté comme un collage, où les images se succèdent sans forcément de logique, comme un tableau kaléidoscopique d'une ville encore très fournie en décombres et zones désaffectées, New York, visitée par une sorte de fantôme de passage qui prend beaucoup de temps pour se regarder dans le miroir et s’inventer une histoire. Si sa mère réside réellement internée à l'asile, les « lieux de son enfance » qu'il dit avoir été bombardés par les Chinois, on y croit moins. Mais on vu pire de la part de lecteurs des Chants de Maldoror.
Dommage que l’on trouve si peu d'action, c'est en tout cas l'effet que nous fait une sorte de peinture mouvante pas toujours passionnante mais hantée par une galerie de personnages décalés, hors-norme, dont certains très inquiétants comme la vieille folle qui rit à gorge déployée, la belle latina complètement timbrée hurlant dans les ruines couverte de rouge à lèvres, ce vétéran traumatisé qui l'entend lui aussi cette guerre avec ses rafales et ses explosions… Un film véritablement fait maison, à l'arrache avec une équipe restreinte comme l'esprit de l'époque destroy / école sauvage inspirait à le faire (Jean-Michel Basquiat dormait dans la pièce pendant la scène de danse de Parker, on l’avait ensuite déplacé pour continuer le taf), un film qui possède en attendant mieux une véritable personnalité, la rencontre de Jarmusch / John Lurie donne aussi naissance à une bande originale où un saxo ambient / dissonant se faufile entre les percussions et les cloches comme le yoyo dévale la ficelle de ce drôle de paria, comme le vent dans les rues ou ces très beaux décombres de cathédrales industrielles.
Bonus : rencontre avec Jim Jarmusch autour du film (2005, 10’), diaporama, filmographies de Jarmusch et John Lurie, bande-annonce des films de la collection Jim Jarmusch
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