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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
« …d’un coup, comme ça, on ne sait pas trop quoi en foutre de sa liberté. C’est comme un jouet au pied de l'arbre de Noël que le gosse n'ose pas encore toucher »
Le détenu Boudard sort de derrière les barreaux encore plus malade des poumons qu'avant et a droit à un séjour en sanatorium. Il doit soudain réapprendre à vivre avec le regard des autres (« ça se devinait peut-être que j'étais un revenant ») mais pas sans avoir été choper ses trois anciens complices dont il s’est obstiné à ne pas dire les noms à la police et qui, sûrement pour remercier son sens de l’honneur, n’ont pas bougé le petit doigt pour lui quand il a fini en taule. Pas un coup de bigo, pas un colis, nada. Quand il se met en chasse du premier de ces messieurs, le père de celui-ci lui apparaît en toge, devenu jusqu'aubouddhiste nonobstant son passé louche, et l’Alphonse n’est pas au bout de ses surprises !
On a casé un très intéressant entretien pour introduire le livre puis une préface par l'auteur lui-même qui raconte qu’il avait commis un premier pavé littéraire 1 et qu’on lui a conseillé de le tailler dans tous les sens pour en faire un projectile plus léger, peut-être plus aiguisé aussi, à une époque où le roman change. Les grandes phrases n'ont plus leur place, vive la concision du nouveau roman, c'est en tout cas ce qu'il semble... Il livre ici le récit sombre, désenchanté, d'un personnage qui a du mal avec ce Paris qui change partout, et le décalage occasionné par le temps de prison n’arrange rien à l’affaire. Et la facette autobiographique empêche ce roman d’être affilié à la Série Noire etc., que Boudard méprise ouvertement, trop fictive ?
Sa langue verte n’est pas triste, elle sera sûrement la clé qui lui ouvrira les portes du cinéma, ce premier roman étant adapté en 1965 par Pierre Granier-Deferre avec Lino Ventura pour incarner l’ex-taulard. Cette version édulcorera un discours farci de surnoms que l'on trouvera sûrement aujourd'hui discriminatoires mais qui à l’époque font simplement partie de l'argot interlope comme beaucoup de mots passés dans « le mauvais camp » aujourd'hui... Le tableau brossé d’une époque depuis longtemps révolue, d’un milieu sans scrupules mais auxquels d’autres (l’art, le commerce et compagnie) n’ont rien n’a envier. De quoi se demander à quoi sert de vouloir absolument être droit dans ses bottes.
Pour qui ? Pourquoi ?
254 pages avec quelques illustrations en noir et blanc tirées du film
ISBN : 2231003058
1 il finira par paraître en 1977, remanié, sous le titre Les Combattants du petit bonheur. Et gagnera le prix Renaudot !
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