Chroniques DVD
08
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : tragédie all’italiana

Scénar : inconscient et traumatisé par le tumulte de la guerre, Johnny Hamilton se remémore les jours heureux alors qu'il est recueilli par un cirque ambulant. Dans son délire, il réclame son père. Père sur la tombe duquel il revient car il a été récemment assassiné comme semblaient lui indiquer ses rêves. Deux hommes qui l'appellent « général » viennent le provoquer mais son vieil ami Horace intervient in extremis. Gare toutefois, les deux bandits promettent de se venger. Horace est un ami du père défunt mais ignore qui l’a tué. Johnny retourne donc auprès de sa mère chez qui le deuil a visiblement entraîné la décadence : elle a en effet depuis épousé l’oncle Claude, Johnny est furax, et quand il va retrouver sa douce Emily pour un peu de réconfort, il ne décolère pas car, fille d’un bandit devenu entre-temps sheriff qui déteste son prétendant, il ne lui est pas permis d’approcher Johnny de trop près. Persuadé que l'assassin de son père n'est pas celui que l'on croit, il farfouille un peu trop aux yeux de certains, ses proches en pâtiront. Pauvre Johnny, death-y-dément le monde entier semble ligué contre lui.

Adaptation de Shakespeare (sur une idée de Sergio Corbucci), ce « Johnny Hamlet » signé Enzo G. Castellari - dont c’est déjà le troisième western 1 - est un très bon film, certes nanti d’un casting et d’une sombre musique fort classiques mais aussi de costumes soignés et de superbes décors moins désertiques que d'habitude (avec des dolomites ou aurait-on la berlue ?). Comme chez d’autres auteurs italiens concurrents à la même époque (Giulio Questi ou Antonio Margheriti 2 par exemple), quelques images s'apparentent à des incursions dans le fantastique (l’onirisme perché dans les souvenirs, l’être à la cape entouré de fumée et d'envolées d'orgue) ou le gothique (on aperçoit soudain des armures, des draperies et des dorures surannées…)

Bien sûr, on n’échappera pas à quelques bonnes bagarres et fusillades opposant une belle bande de fumiers impitoyables (pour le coup, Ignazio Spalla fait un peu dans le Bud Spencer tandis qu'Ennio Girolami frise souvent le Lee Van Cleef) et faisant bien sûr des tonnes de morts mais les acteurs font du bon boulot (Andrea Giordana se révèle parfois d'une beauté surprenante, tandis que les vétérans Gilbert Roland et Horst Frank ont toujours la classe), et Castellari tente d’innover avec nombre de mouvements de caméra ingénieux et de jeux d’ombres.

Malgré les inévitables clichés, Django porte sa croix (encore un choix de titre motivé par le gain après le chef-d'œuvre de Sergio Corbucci 3) vaut franchement le coup d’œil avec le plein d'action et de bonhommes patibulaires réjouissants, ainsi qu’un climat particulier dans cette curieuse région où les hors-la-loi sont crucifiés, où le cimetière est casé dans une grotte et où un joli moulin s’agite au fil de l’eau tranquille tant que le sang ne vient pas - encore - la colorer.

1 après La Mort en retour de Enzo G. Castellari (avec Edd Byrnes, George Hilton…) 1967 et 7 Winchester pour un massacre de Enzo G. Castellari (avec Edd Byrnes, Ennio Girolami…) 1967.

2 voir par exemple Tire encore si tu peux de Giulio Questi (avec Tomas Milian, Piero Lulli…) 1967 et Avec Django la mort est là de Antonio Margheriti (avec Richard Harrison, Claudio Camaso…) 1968.

3 voir Django de Sergio Corbucci (avec Franco Nero, José Bodalo…) 1966.

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