Chroniques DVD
14
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

sergio martino giallo edwige fenech

Genre : non mais giallo quoi !

Scénar : le cauchemar est si affreux que Jane va carrément se doucher habillée pour se remettre au plus vite. Son petit ami Richard, représentant en médicaments qui doit s'absenter une fois de plus pour longtemps, lui reproche de ne pas avoir pris ses drogues. Mais rien à faire, elle continue de rêver de ce coup de couteau dans le ventre, sûrement lié au bébé qu’elle a perdu lors d’un accident de voiture, comme si avoir vu enfant sa mère mourir sous ses yeux ne suffisait pas. Elle va voir un psy grâce à sa sœur (Richard lui a l'air de détester la psychologie) et celui-ci incrimine sa solitude, lui déclare qu'elle n'est absolument pas malade. Pourtant elle rencontre plusieurs fois un homme au regard étrange présent dans son rêve, lui demande même ce qu'il lui veut avant de s'enfuir épouvantée. Elle fait aussi la connaissance de Mary, une voisine délurée qui lui parle elle d’un « sabbat » pour se débarrasser de ses problèmes psychiques (elle non plus ne porte pas les psy dans son cœur) et l’y amène. Cette cérémonie rassemble tout un tas de gens bizarres qui contemplent une sorte de prêtre égorger un chien dont il boit du sang avant de le faire passer à Jane. Elle subit ensuite un rite magique sexuel qui semble la libérer de son trouble. Mais son poursuivant est pourtant toujours là à ses trousses, où est la part de réalité dans tout ça ?


Avec deux très bons films du même genre l'année précédente 1 (et avec George Hilton à chaque fois), Sergio Martino livre un très bon travail dans le genre jaune et cet excellent film n'est pas là pour nous contredire : après une image fixe que l'on fonce au fur et à mesure jusqu’à se retrouver dans le noir complet, ce noir qui accueille si facilement le cauchemar et la peur, quelles images impressionnantes et surprenantes pour un départ de film que ce cauchemar à la mise en scène proprement effrayante ! Voyez cette vieille femme vraiment horrible, ainsi que ces mannequins humains, et puis ces images en négatif ; les effets de flou ou de kaléidoscope dérangent ensuite une vision aussi troublée que l’ouïe (pas de dialogue pendant cinq minutes, c’est très long), on sent qu'on n'est pas parti pour un film reposant. Coproduction italo-espagnole, Toutes les couleurs du vice bénéficie de collaborateurs de choc puisque dans les rangs de l’équipe, on retrouve aussi le scénariste stakhanoviste Ernesto Gastaldi, le compositeur Bruno Nicolai (qui joue ici avec des chants d’enfants qui ne sont pas sans rappeler les délires futurs de l’inévitable GOBLIN), un trio d’acteurs de premier plan (la belle Edwige Fenech, Hilton et un Ivan Rassimov très charismatique) et des seconds rôles de choix (Nieves Navarro, Dominique Boschero, Marina Malfatti !).

Pour ne pas changer, le scénario s’avère totalement tordu, occasionnant à la fois la vision de la jolie chair féminine dénudée (que n’a-t-on pas fait faire à cette pauvre Edwige, encore une fois victime du sort ? Même si sa carrière comédie sexy éclipse par le nombre ses participations au giallo, l’actrice pouvait s’y montrer très douée !) tandis que chez les hommes le patibulaire est de mise, on ne peut même pas dire que George Hilton sorte du lot, les personnages étant forcément équivoques comme les règles immuables le voulaient. Mais Sergio Martino surpasse ici la majorité de ses collègues en tirant des leçons et osant compiler un maximum des points forts du giallo : déjà fort joliment mis en scène, Toutes les couleurs du vice baigne dans une ambiance satanique entre cauchemar et réalité, les objets macabres pullulent, les angles de vue et le grain de l’image, aidés par une musique post-psychédélique bien chouette, sont souvent étranges et équivoques, parfaits donc pour cette impression de panique constante, il est dès lors très difficile de savoir où, qui, quand, et la désorientation volontaire fait de ce film un très bon moment. On se balade bien sur cette route d’une Angleterre proverbialement embrumée, pays fétiche pour les histoires d’essence supra-naturelle et pour un jeu avec les symboles occultes et psychologiques.

Deux choses pour conclure : ce simple coupe-papier en guise de dague cérémoniale est proprement ridicule et on a l’impression tenace d’avoir déjà vu ce château dans un ou plusieurs film(s), mais va savoir quiquequoidoncoùlequel ?

1 voir L'Étrange vice de Mme Wardh et La Queue du scorpion.

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