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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : au royaume des aveugles, fais gaffe à ta gueule
Scénar : un mystérieux masseur aveugle déboule dans un village et se présente chez le tenancier d'une maison de jeux où il ne tarde pas à se faire des ennemis en plumant les joueurs après les avoir pris pour des idiots très intelligemment. Un des deux « parrains » locaux le reçoit comme un ami à la grande fureur des gens floués et le présente comme un génie du sabre. Pourtant, le nommé Ichi refuse de faire une démonstration de ses talents. Il préfère aller à la pêche où il rencontre un autre samouraï, malade et désespéré qui se soule plus que de raison. La guerre des gangs menace entre les Sasagawa et les Iioka et, malgré un grand respect mutuel, les deux hommes vont se retrouver face à face…
Dans ce premier épisode (d’une série de vingt-six avant son retour par le biais de Kitano san !), le Zorro japonais - pour faire une analogie bancale - est aveugle mais pas manchot, ce serait d’ailleurs fâcheux pour un masseur, samouraï errant de surcroît, et yakusa en prime. Interprété par l’excellent Shintarō Katsu, cet étrange personnage à l’humour perçant feint presque toujours l'idiotie pour ensuite se révéler un manipulateur de première et monter les gens contre les autres comme un certain Yojimbo 1. Pour son profit bien sûr, mais surtout au fond pour punir la méchanceté des corrompus et des puissants, ce qui fait toujours du bien à voir. En face on trouve un personnage de son envergure, Hirate, interprété par un Shigeru Amachi tout à fait au niveau de la tête d’affiche. Ces deux guerriers sont d’une espèce en voie de disparition, celle qui fait passer l’honneur avant la victoire, les gangs laissent quant eux apparaître la décadence à venir d'un Japon bientôt sévèrement désorienté (et sans jeu de mots selvoupli).
Outre de très bons acteurs principaux, dont la touchante Masayo Banri, on voit défiler comme d’habitude une belle bande de salopards aux sales tronches bien choisies, mais aussi des femmes que la toujours aussi bizarre tradition ohaguro fait se présenter les dents noircies, un truc franchement effrayant pour un occidental sponsorisé par le balai à ratiches. Le peu de combats que l’on nous donne à voir est digne d’un affrontement d’exceptionnels duellistes et le poil de romantisme sous la lune inspire toujours la mélancolie, une douce amertume colle toujours aux basques de celui qui n’est qu’après tout a poor lonesome samouraï marchant droit vers le soleil couchant.
1 voir Le Garde du corps de Akira Kurosawa (avec Toshiro Mifune, Eijiro Tono...) 1961., inspiration majeure de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone (avec Clint Eastwood, Gian Maria Volonte...) 1964.
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